Très bonne analyse de Cécile Crouzel dans Le Figaro en date du 6 Mars 2018 : « Sans révolution culturelle, le big bang de la formation échouera ». Les chiffres indiqués dans l’article sur les publics ayant accès à la formation sont édifiants : « quand 66% des cadres suivent une formation dans l’année, ce n’est le cas que pour 38% des employés et 34% des ouvriers ».
Certes, des formations pointues sont nécessaires aux cadres pour assurer à leur entreprise l’avance compétitive dont elle a besoin. Mais il faut noter, comme cela est rappelé dans l’analyse de Madame Crouzet, qu’ « à peine 20% des salariés peu qualifiés ont un bon niveau de compréhension de l’écrit, et 14% maîtrisent les concepts numériques et mathématiques ».
D’après l’ANLCI (Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme), 7% de la population française âgée de 18 à 65 ans est concernée par l’illettrisme, soit près de 2.500.000 personnes ; la moitié a plus de 45 ans, et environ 1.275.000 personnes exercent actuellement une activité professionnelle.
Au-delà des réformes – nécessaires – de la formation professionnelle, c’est bien le fond de la question de la formation qui est en jeu :
- Comment permettre à toutes les strates de l’entreprise de se former ?
- Comment amener les salariés éloignés des programmes de formation à une prise de conscience de la nécessaire remise à niveau de leurs connaissances ?
- Comment aider les personnes Ressource en entreprise (RH, formation, mais aussi Délégués du Personnel, CHSCT, etc.) à dédramatiser le sujet de la formation, à le décomplexer et à motiver les salariés ?
Chacun sait que lorsque le salarié est disposé à se former, il n’y a pas de difficulté pour le responsable RH à proposer une remise à niveau des compétences. Mais il faut souvent pour les RH mener une double bataille : convaincre la Direction de la nécessité de former (gagner en productivité, améliorer la réactivité, l’ image de l’entreprise, la satisfaction client, etc.) ; et faire prendre conscience aux salariés de l’enjeu de se former (confiance en soi, évolution, employabilité).
C’est une vraie révolution culturelle dans laquelle tous les acteurs de l’entreprise doivent s’engager ; certes, l’accès facilité de tous à la formation est une bonne chose ; mais finalement peu utile s’il n’y a pas de volontarisme au sein de l’entreprise. Comme souvent l’exemple vient du haut, cette impulsion doit venir du plus haut niveau de l’entreprise.
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